Le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) est un rétrovirus infectant l'homme et responsable du Syndrome d'Immunodéficience Acquise (SIDA), qui est un état affaibli du système immunitaire, qui devient vulnérable à de multiples infections opportunistes. Transmis par plusieurs fluides corporels tels que sang, sécrétions vaginales, sperme ou lait maternel, le SIDA est aujourd'hui considéré comme une pandémie ayant causé la mort d'environ 25 millions de personnes entre 1981 (date de la première identification de cas de SIDA) et janvier 2006. Il est estimé qu'environ 1% des personnes âgées de 15 à 49 ans vivent avec le VIH, principalement en Afrique sub-saharienne.
Bien qu'il existe des traitements antirétroviraux luttant contre le VIH et retardant par conséquence l'apparition du SIDA, réduisant ainsi la mortalité et la morbidité, il n'existe à l'heure actuelle aucun vaccin ou traitement définitif. La prévention, qui passe notamment par les rapports sexuels protégés et la connaissance de son statut sérologique de manière à éviter les infections d'autrui, est le moyen de lutte le plus efficace.
Les débuts de l'épidémie de SIDA datent du 5 juin 1981, quand le Centre pour le Contrôle et la Prévention des maladies américain annonce une recrudescence, dans les villes de Los Angeles, San Francisco et New York, de cas de pneumonies à Pneumocystis carinii et de Sarcomes de Kaposi. Ces deux maladies ont pour particularité d'infecter les personnes immunodéprimées. Il est justement remarqué que, chez ces patients, le taux de lymphocytes T4, des cellules qui jouent un rôle essentiel dans le système immunitaire, est en chute libre.
Les premiers malades sont tous homosexuels, ce qui fait que ce syndrome, qui ne portait pas encore le nom de SIDA, est provisoirement appelé le Syndrome Gay ou Cancer Gay. Une des premières causes suggérées de cette immunodépression est le popper, un vasodilatateur très utilisé chez les homosexuels. Mais, dans les mois qui suivent, d'autres personnes sont infectées, des toxicomanes par injections, des hémophiles et des Haïtiens.
Cette découverte révèle que le popper n'est pas la cause et une origine infectieuse est de plus en plus admise. Il reste alors à trouver l'agent infectieux.
Origine virale
L'origine virale est privilégiée, eu égard aux modes de transmission alors identifiés (sanguin et sexuel). Plusieurs virus sont mis en cause, mais on s'aperçoit qu'ils ne sont qu'une conséquence. Robert Gallo et son équipe, qui ont découvert le premier rétrovirus humain, le HTLV-1, pensent qu'un mutant de ce dernier est la cause du Sida. Il explique cela par le fait que le HTLV-1 fait proliférer les lymphocytes T4, cet agent infectieux faisant l'inverse, une mutation peut donc en être la cause. Cette hypothèse est renforcée par le fait que certains des cas haïtiens sont positifs à un test de dépistage du HTLV-1. Cette positivité se révèlera être causée par un biais, le HTLV-1 étant très présent à Haïti.
À partir de 1982, avec les premiers cas identifiés en France, la recherche française débute. Willy Rozenbaum, médecin à l'hôpital Bichat de Paris, veut inciter les chercheurs à étudier davantage le Sida et à en trouver la cause. Par l'entremise de Françoise Brun-Vézinet, une collègue médecin, Willy Rozenbaum rencontre Jean-Claude Chermann, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, de l'unité d'oncologie virale de l'Institut Pasteur. Ces derniers acceptent de commencer les recherches et, en janvier 1983, Willy Rozenbaum envoie aux États-Unis un échantillon d'un patient atteint de lymphadénopathie, pathologie identifiée comme une maladie opportuniste du stade pré-Sida. L'échantillon est mis en culture et une activité de transcriptase inverse est identifiée, tendant à confirmer la présence d'un rétrovirus. Rapidement, une apoptose apparaît et l'adjonction de globules blancs à la mise en culture relance alors l'activité de transcriptase inverse. Un examen au microscope électronique a permis de visualiser, pour la première fois, le virus. Après une prise de contact avec Robert Gallo, pour un échange d'informations, l'équipe de l'Institut Pasteur confirme que le virus identifié chez le patient lymphadénopathique n'est pas le HTLV-1. Ce nouveau rétrovirus est alors appelé Lymphadenopathy Associated Virus (LAV) et les résultats sont publiés dans Science le 20 mai 1983. À ce stade, le lien entre le LAV et le Sida n'est pas clairement établi par l'équipe de Luc Montagnier. L'équipe de Robert Gallo publie le 4 mai 1984, dans Science, les résultats de l'isolement d'un virus qu'elle considère comme responsable du Sida et le nomme HTLV-3. L'équipe de Jay A. Levy à San Francisco fait de même le 24 août 1984 et trouve plusieurs rétrovirus, qu'elle nomme AIDS-related virus (ARV).
Controverse sur la parenté de la découverte
Pendant un temps, les trois dénominations cohabitent, ainsi qu'une polémique sur la parenté de la découverte entre les équipes américaine et française et des possibles fraudes scientifiques de Robert Gallo et d'un de ses collègues.
Le point d'orgue de cette controverse concerne l'attribution des redevances pour les tests VIH (qui commencent à être commercialisés durant l'année 1985), entre le National Institutes of Health où travaille Robert Gallo et l'Institut Pasteur. Ce dernier porte plainte car il pense que la souche utilisée pour mettre le test VIH américain au point a été conçue à partir de la souche envoyée par Montagnier à Gallo. Le différend se règle au niveau politique, le 4 décembre 1987, lors d'une rencontre entre le président américain Ronald Reagan et le premier ministre français de l'époque Jacques Chirac. Un accord est signé où la paternité de la découverte est attribuée à parts égales entre les États-Unis et la France. Les redevances associées sont partagées entre les instituts américains alors que, en Europe, elles reviennent intégralement à l'Institut Pasteur.
Un article dans la presse américaine de John M. Crewdson, en 1989, relance la controverse : Robert Gallo est, au mieux, accusé d'avoir fait une erreur en contaminant sa souche avec celle de l'Institut Pasteur et, au pire, d'être coupable de fraude scientifique. Le scientifique américain finit par reconnaître, en 1991, que la souche qu'il a utilisée a été contaminée par celle de l'Institut Pasteur, mais dément la fraude scientifique.
Finalement, en 1994, les institutions fédérales américaines reconnaissent que la découverte du VIH est purement française et que Robert Gallo est coupable de fraude scientifique. La reconnaissance de cette parenté est confirmée en 2008 par le Comité Nobel, lorsqu'il attribue le Prix Nobel de Médecine à Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, sans mentionner les travaux de Robert Gallo sur le sujet. Lors d'un entretien, peu de temps après l'attribution des Nobel, Robert Gallo se déclare « déçu » de ne pas être également honoré, mais considère que tous les récipiendaires méritent ce prix.